1759-2009 ; 250ème anniversaire du clocher , du campanile et de la cloche Nogaret de l'église Notre Dame et Saint André de Congénies ( étude de Loïc Vannson dans le cadre de l'inventaire du Pays Vidourle Camargue )
La tour du clocher surmontée de l'armature du campanile en fer forgé qui abrite la " cloche Nogaret "
Historique :
Haut perchée au sommet de son campanile en fer forgé, elle rythme inlassablement la vie de notre village. Mais, jusqu'ici, nous ne savions que trés peu de choses à son sujet. Tout au plus , le nom des Nogaret y était volontiers associé, mais sans plus de précisions. En outre, les documents relatifs à la construction du clocher , s'ils existent, n'ont pas été, à ce jour , retrouvés ... Seule une date, 1759, gravée au dessus du cadran de l'horloge, nous renseignait sur l'époque supposée de son édification... La réalisation de l'inventaire général du patrimoine de Congénies entre 2008 et 2010 pour le "Pays Vidourle Camargue" a été, justement, l'occasion de s'intéresser enfin à cette cloche, aux inscriptions et ornements qu'elle comporte.
Suspendue à environ 4 mètres au dessus de la terrasse du clocher , elle est maintenue au campanile au moyen de six grands crochets ou anses en bronze qui représentent de superbes têtes d'hommes barbus .
D'un accès plutôt compliqué, seul un déchiffrement très partiel et incomplet de la dédicace avait été possible jusqu'à présent , sans aucun document photographique exploitable . En janvier dernier, près de deux cents clichés on été nécéssaires pour enfin lever le voile sur le mystère de ses origines . Nous avons donc le plaisir de vous faire part du résultat de cette étude et de vous révéler , pour la première fois, le texte de dédicace de la cloche dans son intégralité. Rédigé au sein de celle ci sur quatre lignes, chaque petite croix indique que la suite du texte se situe à la ligne inférieure. Pour les besoins d'une compréhension par tous, les mots entre parenthèses sont la traduction de certains termes ou formules employés à l'époque . ( Attention , en "vieux français" la lettre V est trés souvent utilisée pour la lettre U ) .
+ SIT NOMEM DOMINI BENEDICTVM ( que le nom du seigneur soit bénit ) PARRAIN TRES HAVT ET PVISSANT SG.r ( seigneur ) ANNE IOSEPH + SG.r DE LOVET DE MVRAT DE NOGARET CH.r ( chevalier ) MARQVIS DE CALVISSON BARON DES ETATS ( de Languedoc ) SG.r DE + MASSILLIARGVES CONGENIES ET AVTRES PLACES SOVS LE CONSVLAT DE IEAN BARNIER ET IEAN VIVEN + CETTE CLOCHE A ETE FAITE POUR L'HORLOGE DE LA COM. e ( commune ) DE CONGENIES 1759
I . POVTINGON MA FAITE L'ANNEE 1759
Nous apprenons donc que la cloche a été parrainée par Anne Joseph de Louet de Murat de Nogaret, lointain descendant du fameux Guillaume de Nogaret qui était conseiller en droit privilégié du roi Philippe IV Le Bel et qui s'est, notamment, illustré à travers le célèbre " attentat d'Anagni " , le 8 septembre 1303 , en infligeant un soufflet ( "giffle", "bousculade" ou plutôt "fortes paroles" adressées par quelqu'un de la délégation française ) , à l'endroit du pape Boniface VIII . Ce dernier aurait succombé à cet affront quelques jours plus tard ... ( illustration parfaite des désacords et tensions de l'époque entre le royaume de France et l'Eglise , souvenez vous , notamment, du récent feuilleton télévisé " les rois maudits " ) . En récompense de ses bons et loyaux services , Phillipe IV Le Bel offre à Guillaume de Nogaret ( en poste à l'université de Montpellier ) , les terres ( entre autres ) de Calvisson , Congénies , Aujargues , Marsillargues , Manduel , etc , en 1306 ...
Mais revenons à Anne Joseph . Avant dernier seigneur de Congénies notamment , il réside à l'époque dans le somptueux château de Marsillargues (qui avait subit plusieurs remaniements au fil des siècles), pour lequel il réalise de nombreux et ultimes travaux d'embellissement dans le goût des "Folies Montpellieraines" . ( Il faut préciser ici que le château de Calvisson avait été démantelé et ruiné dès 1575 par la marechal de Damville-Montmorency sur ordre royal de Louis XIV afin d'éviter sa prise et son contrôle par les protestants et que les seigneurs de Louet de Nogaret résident à Marsillargues depuis lors . )
Nous apprenons encore que la cloche a été réalisée en 1759 " pour l'horloge de la commune de Congénies " ( et non pas pour l'église d'ailleurs ... ), ce qui valide définitivement la date de construction du clocher et de son campanile en fer forgé. Enfin, nous avons la chance de pouvoir constater qu'elle comporte le nom de son maître-fondeur ou saintier, en l'occurence Jean Poutingon . Une recherche rapide auprès des fichiers de la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Montpellier a permis de savoir que Jean Poutingon ( Jean César Poutingon; né à Montpellier en 1709 ) était donc en activité dans la région Montpellierraine autour de laquelle il réalisera d'autres cloches de Sète à Aigues Mortes en passant par Frontignan , Fabrègues , Lavérune , Montpellier ( rectorat ) , St Gély du Fesc , Les Matelles , St Mathieu de tréviers, Gignac , St Martin de Londres , Sussargues , Saturargues , Lunel-Vieil , Saint Laurent d'Aigouze ... Son père et grand père étaient originaires de Pernes les Fontaines dans le Vaucluse où ils étaient déjà fondeurs. Jean César Poutingon aura trois fils dont Jean qui fera une brillante carrière de chirurgien à Montpellier. Son second fils ira s'établir au Danemark où il sera statuaire pour le roi Fréderic de Danemark. Guillaume Poutingon, suivra les traces de son père; deux de ses cloches existent encore dans l'Hérault à Cazilhac près de Ganges et aux Matelles au pied du pic Saint Loup.
Les photos reproduites dans cet article révèlent , en outre , que notre cloche possède des éléments de décoration de belle qualité et parfois étonnants. En témoigne la présence d'un magnifique lézard moulé au naturel ( pratique quelques fois observée aux 17ème et 18ème siècles ) côtoyant une plus classique et assez sobre croix d'ornement dite " à trois gradins " dont les extrémités se terminent par des fleurs de lys stylisées qui n'ont pas été bûchées (effacées) au moment de la Révolution ( celà a été vu sur d'autres cloches ). Notons enfin la présence d'une très grâcieuse Vierge à l'Enfant assise nimbée entourée de Gloires, inscrite dans un médaillon ovale de feuilles tressées de laurier que surmonte une couronne de fleurs de lys et que l'on retrouve sur la plupart des cloches de Poutingon comme j'ai pu le constater .
Nous sommes, de toute évidence, face à un élément qui, par son texte de dédicace tout comme sa décoration , constitue non seulement un document précieux pour l'histoire de notre commune mais, plus largement , pour celle du Bas Languedoc . Calvisson ne possède pas de cloche faisant allusion à ses anciens seigneurs ( l'actuelle cloche de l'église St Saturnin ne date que de 1845 ) ; pas plus qu' Aujargues dont Jean Claude Chauvet a fait la brillante démonstration que la cloche de l'église , datant de 1701 , n'avait pas été offerte par les seigneurs de Nogaret mais intégralement payée par cette commune . Quant à Marsillargues , où Anne Joseph fût une personnalité de premier ordre ( il siégeait aux Etats du Languedoc ) , la très ancienne cloche du XVIème a hélas été refondue au dedut des années 1950 ... La cloche de Congénies semble être la seule à faire mention de cette illustre lignée ... En outre , la quasi totalité des cloches réalisées par Jean Poutingon autour de Montpellier , bénéficient, depuis longtemps déjà, de mesures de protections voire de classements pour la plupart au titre des " Monuments Historiques " ( objets , "base Palissy" ) . C'est pourquoi , nous proposerons prochainement, en partenariat avec la municipalité, un dossier en ce sens auprès de la DRAC . ( dossier passé en commission régionale en juin 2012 ). Cette cloche mérite en effet toute notre attention quant à sa sauvegarde ; souhaitons lui encore , au moins , 250 années de bons et loyaux services .
Et détail "amusant"; bien qu'ornée de motifs religieux c'est bien une cloche "civile" qui sonne aussi les offices .... ( source de nombreuses discordes sur ce point au 19ème siècle; la communauté catholique n'ayant jamais disposé des fonds nécessaires à la fonte d'une nouvelle cloche pour son église ... ).
Remarquez la différence d'appareillage et du type de pierres utilisées ... On voit ici parfaitement l'adjonction postérieure du clocher sur une partie du contrefort gauche de la façade occidentale de l'église .
L'actuel cadran en acier , verre et béton bien disgrâcieux et aujourd'hui trés abîmé fut installé, malheureusement, en 1956, au sein du cadran primitif qui fût cassé et percé sans ménagement à cette occasion ... On remarque cependant parfaitement les traces de gravures anciennes du 18ème siècle . Une restitution du modèle original ( mais pas forcément à aiguille unique comme celà était le cas à l'époque ) pourrait être souhaitable dans le cas d'éventuels travaux de restauration du clocher et de son campanile .
Etat en 2012 ... On observe parfaitement les gravures de l'ancien cadran de 1759.
Etat septembre 2013; on arrive en "bout de course" semble t il ... Si la cloche sonne aux bons horaires les aiguilles du cadran sont beaucoup plus fantaisistes sur l'heure affichée ... Le travail de maçonnerie avait tellement été mal fait en 1956 qu'à peine 20 ans après son installation, les établissements Poitevin d'Alès proposaient à la commune un nouveau cadran ! Mais cette proposition fût refusée à l'époque . ( ce cadran est démonté en fevrier 2014 )
Idée de restitution du cadran gravé de 1759 ( l'encadrement en forme de "table carrée" à "coins arrondis" n'y figure pas ) , avant la pose du cadran émaillé en 1869. Le cadran ne comportait alors qu'une aiguille pour les heures ainsi qu'en atteste une aquarelle d'Henry Newmann en 1864, ce qui était courant à l'époque. Esquisse personnelle en noir et blanc, de la couleur existait à l'origine.
La date d'édification du clocher est gravée juste sous la corniche en doucine au sein de laquelle on peut constater qu'un texte est inscrit sur 4 lignes de manière assez maladroite , non déchiffré à ce jour ( il devrait s'agir tout simplement et tres certainement d'une phrase de dédicace ... ) Un "document" qui pourrait , à fortiori , se révéler fort intéressant aprés étude ... A droite, sur la pierre est gravé un mystérieux chiffre 10 ...
Cadran solaire d'origine sur la face sud surplombant la toiture de l'église . Comme pour le cadran de l'horloge, l'ancadrement "à table carrée" est le même , il comporte des traces de polychromie et mériterait également d'être restauré .
L'accés à la terrasse du clocher se fait au moyen d'un escalier à vis à l'enroulement particulièrement gracieux .
Détails de l'enroulement de la vis . ( Je vous rassure, posée à droite, ce n'est pas une bouteille de vin mais une bouteille d'eau ^^ )
Quelques fenestrons éclairent l'escalier . Ici , vue en direction de l'est sur le massif du Puech de Monceau puis le "Roc de Gachone" et ses moulins à Calvisson .
Deux trous dans les marches permettaient le passage des cordes afin de faire sonner les deux cloches du campanile jusqu'en 1794 ( celle de l'église et l'actuelle cloche de l'horloge ... )
Petite porte d'accés au cadran de l'horloge . Nombreux graffitis qui remontent , pour certains , à la chûte du Second Empire en 1870.( c'est à cette date, 1869, qu'un nouveau mécanisme d'horloge est installé avec la pose d'un cadran rond émaillé sur le cadran gravé du clocher; ces éléments disparaitront en 1957.
Vue intérieure de l'actuel cadran . On n'a pas hésité , en 1956-57 , à percer la paroie de pierre en bugets de Junas et le cadran gravé du 18ème siècle afin d'installer un éclairage .... Ce cadran est actuellement dans un état fort dégradé .
Sous le local du cadran se trouve une petite pièce qui a abrité , jusqu'en 1957 , le mécanisme de l'horloge de 1869 qui malheureusement n'a pas été conservé à l'époque . Ici , ce vide de plus de 10 mètres , permettait aux poids du mécanisme d'effectuer leur travail hebdomadaire .
Vue de la porte d'accés à la toiture de l'église . On note une petite désorganisation de la maçonnerie dûe à l'infiltration des eaux de pluie depuis la terrasse du clocher ainsi que par la porte en bois d'accés à la toiture aujourd'hui fort abîmée .
Clef détachée au niveau du linteau de la porte ... Cette partie du clocher sera la première à bénéficier des prochains travaux de restauration tout comme l'installation fort probable et trés souhaitable d'un paratonnerre ... ( rappelons , à ce jour , que seule l'antenne téléphonique installée sur l'un des toits de l'ancienne cave coopérative en est dotée et que c'est justement par la foudre que la "campanile jumeau" de Junas fut entièrement détruit dans les années 1920 ... ).
Nota : intervention réalisée pour la clef et le linteau au printemps 2010.
Vue du clocher et de son campanile depuis la toiture .
D'un diamètre de 85 cm elle mesure 57 cm de haut au niveau du cerveau ( partie supérieure de la cloche ) et 78 cm au niveau de l'anse de couronnement ( hauteur totale de la cloche ). Son poids est , selon une estimation théorique , d'environ 400 kg ( battant intérieur compris ) ... On comprend mieux le phénomène de torsion logique du campanile ( ajouté à la corrosion ) face à une telle charge depuis 250 ans ...
Vue du carrefour de " la Bourse " depuis le battant de la cloche . ( On notera que , comme il s'agit bien de la cloche d'horloge d'origine , cette dernière a toujours fonctionné à "tintement manuel" et jamais " à la volée " ).
différentes vues de la cloche et du texte qu'elle comporte ... dont voici une nouvelle fois l'intégralité :
+ SIT NOMEM domini BENEDICTVM PARRAIN TRES HAVT ET PVISSANT SG.r ANNE IOSEPH + SG.r DE LOVET DE MVRAT DE NOGARET CH.r MARQVIS DE CALVISSON BARON DES ETATS SG.r DE + MASSILLIARGVES CONGENIES ET AVTRES PLACES SOVS LE CONSVLAT DE IEAN BARNIER ET IEAN VIVEN + CETTE CLOCHE A ETE FAITE POUR L' HORLOGE DE LA COM.e DE CONGENIES 1 7 5 9
I. POVTINGON MA FAITE L'ANNEE 1 7 5 9
Différentes vues de la "croix d'ornement" dite à "trois gradins" ( socle figurant trois marches ) dont les extrémités arborent des fleurs de lys ... ( face nord )
Le fameux lézard moulé au naturel ; magnifique de réalisme ... Il s'agit ici d'un élément de décor tout à fait profane mais que l'on retrouve cependant sur quelques autres cloches de la même époque dans la région . Dans l'imagerie populaire, il est considéré comme un ami des Hommes qu'il protège notamment du feu au même titre que la salamandre , compagnon des maisons, des murets, etc .... En Cantabrie ( Espagne ), on lui confère la protection contre les colères du ciel c'est à dire la foudre mais aussi un rôle d'intercesseur entre la terre et le ciel ... Pour une cloche placée au sommet d'un campanile en fer sa présence au sein de son décor pourrait ainsi s'expliquer ...
Deux clichés du médaillon de la Vierge assise tenant l'Enfant Jésus ( "côté sud" de la cloche ) . Une nouvelle fois , il est à remarquer la grande qualité de cet élément décoratif au modelé particulièrement frais et expressif aprés 250 années d'exposition aux intempéries ... ( simple nettoyage à la paille de bronze et à l'huile afin de ne pas effectuer de rayures ) . Jean César Poutingon ; originaire de Montpellier, s'est tout simplement inspiré de l'antique Vierge de Notre Dame des tables de cette ville qu'il reproduit sur bon nombre de ses cloches ; une représentation devenue le symbole de la ville de Montpellier
Majestat Antiqua de Montpellier ( église de Poussan Hérault )
La Vierge en argent de Notre Dame des Tables à Montpellier . C'est de cette statue , emblème de la ville de Montpellier , détruite à la Révolution, puis copiée d'après l'originale au début du 19ème siècle que le fondeur Jean César Poutingon s'est inspiré pour réaliser le médaillon sur un grand nombre de ses cloches entre 1740 et 1760 .
En déroulé , signature du maitre fondeur : "Jean Poutingon ma faite l'année 1759" .
L'actuel marteau de frappe mis en place vers 1995 . Au premier plan , les traces d'usure d'un autre de ces marteaux ...
Face est , les traces d'usure , bien visibles , du précédent marteau de frappe ( en place jusque vers 1990 ) .
Différentes vues des splendides crochets à têtes humaines de la cloche ....
Les six crochets de suspension réunis par l'anse mère ou boule de couronnement percée d'un trou . C'est grâce à cette dernière ,notamment, que l'on a pu hisser la cloche sur l'armature métallique du campanile à prés de 20 mètres de hauteur ...
Détail du système d'attache de la cloche au sommet du campanile. L'anse de couronnement est surmontée d'un petit arc dans lequel vient se ficher , d'un seul tenant , la croix sommitale . On remarque ici clairement que le campanile a un peu "travaillé" depuis 250 ans ( phénomène logique de torsion ).
Congénies depuis le sommet du campanile ( sous la girouette ) à 20 mètres de hauteur ....
Au premier plan , l'angle de la rue des marchands et de la rue vielle école ; les places du jeu de paume et du Peyron ; puis les quartiers de la Portalade et de la Vermeillade . Au loin , Encombe et le puech de Ninarde .
La rue des marchands , la Vermeillade , le Montadou et la colline de Laurisset ...
L'angle de " La Promenade" et de la rue du Fort ...
Le temple protestant et son magnifique micocoulier .
Le campanile :
Vue générale de la structure même du campanile qui arbore une forme pyramidale trés simple et dépouillée fréquente aux alentours .
Principe d'attaches à froid in situ par clavettes au marteau ( rien n'est soudé ) rivetage à froid.
Détail d'un des enroulements au sein de la "corbeille sommitale " ou "couronne" du campanile . On notera que la structure , trés simple dans sa composition , est uniquement construite en fer forgé . Les différents éléments sont assemblés et maintenus par des systèmes de clavettes . La cloche ne peut être descendue ou tout simplement déplacée que si l'on démonte intégralement cette armature .
Vue d'un "enroulement sommital " dit en "corne de bélier " de la "corbeille" ou "couronne" . Ces quatre courbures sont reliées au moyen de 4 tiges de fer qui se rejoignent en croix formant une sorte "d'anneau" enserrant la lance de la croix. Ces tiges sont elles mêmes surmontées d'une modeste mais lourde boule en fer assurant plus de stabilité au mat de la croix mais ayant, outres des fonctions techniques et ornementales, aussi une symbolique religieuse comme nous allons le voir .
Vue en direction de l'ouest, à 20 mètres de hauteur, en direction de la place du jeu de paume , de la route de Sommières ( montée de Courderelle en direction du stade ) et du quartier d'Encombe, par dessus les toitures du "Fort" ...
Détail de la "corbeille sommitale" enserrant la lance de la croix. .. Cette vue permet de bien comprendre le système simple voire rudimentaire mais très efficace de la construction.
La corbeille sommitale et son globe en fer plein lourd , tel un boulet de canon percé de part en part , outre une fonction décorative , permet une meilleure stabilisation de la longue et lourde lance de la croix. Mais n'oublions pas aussi qu'il s'agit à la fois de la tour de l'horloge communale depuis 1759 mais aussi du désormais "nouveau clocher" de l'église. D'un point de vue symbolique , même modeste ici, il représente une sphère armillaire, élément courant au sommet des clochers ( sphère céleste associée à la girouette ) ; le globle terrestre ou orbé surmonté d'une croix , représentation classique sur les statues ou vitraux de Vierges ou d' Enfants Jésus qui tiennent dans leurs mains ce globe symbole de la chrétienté dans le monde.
ci dessous quelques exemples :
D'abord au niveau de certains campaniles :
La sphère armillaire la plus imposante en Vaunage se trouve au sein de la corbeille du campanile de la tour de l'horloge de St Dionisy; édifiée contre l'ancienne église ( temple depuis le Concordat ) en 1876. Elle possède encore sa "carapace en zinc" évitant à la boule en fer une trop forte corrosion.
Autre exemple de sphère plus imposante que la nôtre sur un campanile provençal. Là encore , outre sa fonction décorative évidente , elle permet une bonne stabilisation de la lance de la croix et sa girouette. ( image internet ) ces sphères sont néanmoins simples , certaines sont en revanche très finement ouvragées sur certains campaniles ... On notera par ailleurs que la sphère armillaire figure sur le drapeau brésilien...
Autre référence, religieuse cette fois ci , les Vierges à l'Enfant dont celui ci porte l'orbé, globe terrestre surmonté en général d'une croix, symbôle de la domination de la chrétienté sur le monde ( image internet )
Détails de l'armature du sommet du campanile
Corbeille sommitale à enroulements en "cornes de béliers" qui enserre la sphère et vue sur la girouette
La croix , toujours en fer forgé , domine le campanile et l'ensemble du village de 21 mètres depuis le niveau du sol du clocher . ( rajouter 2 mètres par rapport à la chaussée de l'avenue en contre bas de l'eglise au niveau de la fontaine de la Bourse ) .
Travail trés simple mais toujours trés efficace de fer forgé depuis 250 ans pour la girouette figurant un étandard à deux flammes ...
Enfin , on signalera que ce campanile ne comporte, hélas, pas de paratonnerre ... Ce qui peut s'avérer fort dangereux, en atteste la mésaventure arrivée en 1927 au beffroi de Junas quasi jumeau du nôtre ( il datait de 1772 ). Ci dessous les photos de ce que la foudre est capable de faire sur les édifices non équipés .... Lors de sa récente rénovation au printemps 2013, un nouveau paratonnerre a été installé.
texte et photos de Loïc Vannson
Nota : conférence-diaporama sur ce thème le vendredi 11 décembre 2009 à 20h45 au foyer communal de Congénies par Loïc Vannson dans le cadre de l'inventaire patrimoine de la commune. Entrée libre.