La géologie d'un lieu fait incontestablement partie de son patrimoine. Nous vous proposons donc ci-dessous le texte que Romain Brossé a rédigé pour nous préparer à la sortie géologique qu'il a guidée pour nous le 26 avril sur le territoire de la commune de Congénies.
La commune de Congénies s’étale à l’extrémité occidentale de la région bien individualisée de la Vaunage. Il est amusant de remarquer que la littérature locale (abondante) ne manque de mentionner l’Anticlinal de la Vaunage. Ou comment faire de la géologie sans le savoir…. Un anticlinal est une déformation des couches de terrains qui, déposées horizontalement, se retrouvent ployées en dôme plus ou moins accentué. Un pli en cuvette est un synclinal. Un domaine plissé est une suite de synclinaux et d’anticlinaux.
Les couches plissées édifient des reliefs plus ou moins audacieux ; en Vaunage comme dans les Andes il ne s’agit toujours que de plis. L’érosion, le ruissellement, le vent, éventuellement les glaciers, attaquent rapidement les points les plus hauts du relief à savoir les anticlinaux. La voûte disparaît, remplacée par une dépression au cœur de l’anticlinal. Il y a inversion du relief. Seuls subsistent les flancs de l’anticlinal, les parties latérales du pli. La Vaunage est un anticlinal érodé ; la plaine cultivée est la dépression remplie des produits de cette érosion, cailloutis calcaires et limons argileux plus fins. Les hauteurs boisées qui la ceinturent sont les flancs du pli qui retombent à l’extérieur. Il est facile d’imaginer, en pointillés, la voûte anticlinale érodée qui relie les deux flancs où les inclinaisons (pendages) divergentes des couches s’observent et se mesurent.
Les plis ne sont pas les seules déformations qui affectent les couches. Des cassures, les failles, peuvent découper les terrains. Il se creuse parfois un fossé d’effondrement entre deux failles. Dans cette dépression un lac peut s’établir ; on y retrouve ses sédiments. Très originale sur ce point Congénies est la seule commune de Vaunage à nous offrir les traces d’une ancienne sédimentation lacustre, sables rouges et boues calcaires, dans un étroit fossé où un petit lac s’était installé. A découvrir….
Les assises géologiques de la commune ne peuvent raconter que leur histoire très locale. Entre 140 et 125 Ma (millions d’années) un golfe à rattacher à une mer alpine, les Alpes n’ayant pas encore surgit, venait baigner les rivages des Cévennes, vieilles montagnes déjà bien érodées. Il s’y dépose des vases argileuses et des boues calcaires ; quelques ammonites s’y ébattent. C’est sur Congénies une mer relativement profonde. La mer persiste sur la région, de moins en moins profonde, puis se retire et un continent apparaît vers 125Ma. Des plissements se sont manifestés dès cette époque ; ils sont responsables des premiers plis languedociens, mais il y aura bien d’autres époques agitées. Sur ce continent languedocien il y à 60Ma des épisodes continentaux vont brièvement prendre place dont des lacs. Ailleurs, parfois tout près de Congénies, l’histoire géologique est plus complète mais il nous manque les traces de certains événements passés. La mer reviendra, de la Méditerranée vers les Cévennes, entre 20 et 7 Ma en grandes avancées successives, mais n'atteindra pas Congénies. C’est au cours du dernier million d’années que le paysage va acquérir peu à peu son aspect actuel souvent modelé sous des climats froids, glaciaires, qu’il nous faut imaginer.
Très naturellement les paysages de la Vaunage nous montrent les roches, leur composition, leur disposition, leurs rapports. L’interprétation de ces observations nous ramène à des milieux de dépôts, des mers ou des lacs, puis au plissement de leurs sédiments, à la formation d’une chaîne de montagnes et, dernière aventure, à son érosion, son effacement. Histoire ancienne, longue, très longue, mouvementée, dont des pans entiers nous resterons toujours inconnus.
Avant l’histoire des hommes c’est de cette histoire là dont nous sommes les héritiers dans notre milieu de vie, nos cultures et notre alimentation, nos mines, métaux et charbons, nos sources et jusqu’aux pierres de construction de nos toits et de nos murs.